Erwan Coublanc témoigne sur la dyslexie dans le milieu professionnel et scolaire

« Je m’appelle Erwan Coublanc, je suis français et habite depuis moins d’un an en Suisse. Je suis atteint depuis ma naissance d’une aplasie de l’oreille droite ce qui m’affecte d’une surdité à 80%. Mon handicap a donc été traité très tard et mal compris, de ce fait j’ai été pénalisé dans le début de ma scolarité et cela a entraîné un retard scolaire. Je suis également atteint d’une dyslexie, dysorthographie, et dyscalculie reconnues en France tout au long de ma scolarité. J’ai connu ainsi des obstacles dans ma scolarité, ainsi que dans ma formation professionnelle. Ma dysorthographie m’a amené énormément de problèmes. La moindre petite phrase me prend énormément de temps, il faut décomposer syllabe par syllabe… Heureusement les aides numériques sont là pour m’accompagner, la diction automatique et autres logiciels m’aident grandement. Malheureusement je me rends compte que dans le milieu professionnel le handicap est toujours mal compris. Cela m’affecte de devoir vérifier un mot, une phrase… Pour mes collègues, c’est toujours source d’interrogations, et de perte de temps.
 
Ma dyslexie, je l’ai plutôt vécue comme une force, je trouve qu’en 2021, juger une personne parce qu’il a un autre mode de fonctionnement n’est pas normal. 
 
J’ai vite compris dans ma scolarité que pour le même type d’exercice je mettrai plus de temps, c’est pour ça ainsi que j’ai obtenu des aides lors des examens, du temps supplémentaire parfois précieux. Je le remarque malheureusement dans le milieu professionnel on est de plus en plus à la recherche de la performance et de la rapidité au détriment de l’humain et des problèmes qui l’accompagnent. Il m’est parfois encore difficile sur le terrain d’atteindre les objectifs ou les attentes de l’employeur tant que chacun comprendra la consigne autrement et différemment, par mes difficultés, et mon handicap, pour moi c’est d’autant plus stressant de devoir demander à répéter plusieurs fois les ordres, ainsi avec les années passant et l’expérience du métier j’ai développé différentes stratégies bien à moi-même.
 
C’est grâce à des personnes étant sensibilisées aux troubles DYS dans le milieu scolaire et professionnel que je me suis senti plus aidé et que mon handicap a été le plus reconnu. Cela m’a donné ainsi la confiance et la sécurité de pouvoir avancer… »
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